Ô Jeanne
Jeanne, fille de Dieu, souffla l’ange, lèvres ruisselant de miel, sainte vigoureuse et docile, impose donc la loi du Seigneur surcette terre, rends-la bénie. Ô Jeanne, nous t’avons accordé force et bonté, ne perds point ce don, il n’est nullement tien, mais le nôtre. Bienheureuse, instaure paix et victoire pour ta patrie, nous, anges, sommes avec toi, Dieu est avec toi, l’échec n’est guère une option, mortelle élue, bats-toi donc.Ses oreilles s’échauffent, rançon du pouvoir d’entendre la voix céleste. Oui, Jeanne, ressens ce feu en toi, cette détermination, quitte à te brûler vivante, ne baisse jamais les épaules, ni ton épée, garde la tête haute, l’allure imposante. Va, au nom de Jésus.Son âme est fiévreuse à présent, elle savait dès son enfanceque le divin avait fait de ses oreilles un refuge, mais jamais n’avait-elle ressenti cela jusque dans les tréfonds de son être. Comme si elle était possédée… Non ! Ce mot ne convient pas, ce qui habitait Jeanne est loin d’être malfaisant, après tout, ce sont les hommes qui le sont, non les cieux.Le cheval hennit, ramenant la jeune fille à la réalité, la séparant de ses pensées. Elle a déjà reçu toute commande, désormais il est temps de revenir au présent, une bataille t’attend, ô Jeanne, Sainte Jeanne, Jeanne d’Arc, ne déçois point Dieu et accomplis sa volonté, ta mission divine des plus hautes importances.Elle soupira, mettant le bataillon en malaise, est-ce un mauvais présage ? Ils avaient tort, ce souffle qu’elle vient de lâcher signala la fin de son angoisse et le début de sa résilience, la Sainte s’écria soudain, faisant trembler sol et cœurs : "Ne vous doutez pas, la place est vôtre !"